samedi, juin 27, 2009

Take my future, past, it's fine But now is mine

Partir...
Disparaître sans laisser d'adresse.
La tentation était grande...

Mais c'était sans compter sur cette terrible attraction de la blogosphère. Cet attachement aux petits bouts d'existence que sont les blogs et aux gens qu'on y croise.
J'ai aimé partager ces moments avec vous.

Ce blog, cependant, a fait son temps.
Quand je l'ai entamé, j'étais une "nouvelle ex-étudiante". Un peu paumée dans cette nouvelle vie.
Je ne le suis plus. Ou moins... Ou différemment...
Et puis, surtout, je n'ai plus très envie de parler de moi.
Ou, pour être exacte: plus vraiment BESOIN.

L'envie, elle, n'a pas complètement disparu.
Car, comme dirait l'autre (Est-ce la nostalgie du départ? Je me mets à citer un type à la voix de fausset, qui joue de la guitare sur des plages pleines de gens stylés): "on s'attache" (en même temps, lui, il dit "faut pas qu'on s'attache". Profond message...) Et en quelques années, je me suis drôlement attachée, moi, aux blogs, à cette deuxième vie rassurante, à ce petit cocon où les angoisses s'abîment et où on ose des rêves qui ont parfois tendance à s'enliser dans l'autre vie, la "vraie".

Du coup, c'est un peu triste de quitter cet endroit.
Mais je me console en me disant que ce n'est qu'un déménagement.
Il y aura un autre blog, forcément. Je ne me vois pas faire autrement.
Un lieu où je ne parlerai plus de moi, cette fois, ni des gens qui partagent ma vie.
Un blog-fiction.

J'espère vous recroiser tous, là-bas ou ailleurs.
On partagera d'autres horizons.
On continuera chacun notre petit bonhomme de chemin.

En attendant, je vous souhaite bonne nuit.
Et bon vent.

dimanche, avril 05, 2009

Vous, amoureux déchirés Couchés sur le papier Bien sages

Odeurs de barbecue, balades dans le Nouveau Métro et soirées latinos, sombreros, mojitos.
Sur ma fenêtre, les rayons du soleil ont fait réapparaître un bonhomme dessiné un soir de buée.
Oublié.
Retrouvé.
Souriant.

C'est le printemps...

Mars est passé comme un éclair, avec son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles, de stress, de joies, de larmes. Mars était un mois vivant, qui m'a remise debout.

Mais je n'ai pas écrit.

Avec avril naît une délicieuse odeur de vacances. Avril est doux et ronronne, comme un chat paresseux. Avril s'étire au soleil, langoureux.

Mais je n'écris toujours pas.

Je pense que le bonheur ne m'aide pas. Sur d'autres blogs, parfois, je vais lire ces blessures, ces questionnements amoureux, ces déchirements qui me rappellent moi, il n'y a pas si longtemps. A l'époque où je me perdais dans les yeux des garçons de passage, où je m'interrogeais sur les filles, où je souffrais de n'être que moi, émue mais solitaire, vaguement aventurière, pleine de défauts, d'angoisses, de fêlures. A l'époque où je tombais amoureuse.

Mon drame est de n'être pas tragique. C'est un drame immature... Je devrais me réjouir de la plénitude. De ces bras qui m'annihilent, me transpercent, de ces mains qui caressent. Au lieu de cela, je gémis. Je me plains. Nostalgie, quand tu nous tiens... Mais même quand je suis la première qu'on appelle pour pleurer (elle aime quelqu'un d'autre...), même quand on m'avoue, après coup, qu'on avait une envie folle de me prendre la main, même quand je frissonne, même quand je m'étonne, le danger ne m'effleure qu'à peine. Je sais le garder à distance. Je cherche un peu de souffrance, parfois, dans les doutes qui m'assaillent. Mais ils sont tellement pauvres, en fin de compte. Tellement inconsistants...

Mon drame est d'être une fille simple. Résolument, et désespérément (?) simple. Je suppose qu'en mûrissant, je finirai par trouver ça bien.

Mais, en attendant, avril est là. Et je n'écris toujours pas.

mercredi, février 25, 2009

Mets ton imperméable Et tes gants sur tes mains

Février… Je m’englue dans un marécage de mollesse contre lequel je n’ai même pas envie de lutter. Tout, autour, est immobile. Humide. Presque gluant. Février s’enlise tandis que je projette de le rayer, purement, simplement, et définitivement, de mon calendrier.

Février n’est pas un mois pour moi.

D’année en année, quand je le vois arriver, je me promets d’essayer de lui réserver un accueil, si pas estival, au moins pas trop glacial. Mais il ne m’aide pas, le bougre. Pire, il me met à l’épreuve. À coups de microbes infestant mes week-ends et de puits de fatigue sans fond, que creusent avec enthousiasme (un enthousiasme dont ils sont les seuls à pouvoir se targuer) les insomnies de passage et d’insidieux doutes, que je pensais mieux enfouis… Février est fourbe, pernicieux. Et lent, qui plus est ! Il se traîne à tel point que ses malheureux 28 jours en paraissent 32. Si pas plus…

Je rêve de Venise et de liberté (hem… Référence d’adolescente midinette. Oui… J’ai été un peu de ça). Au lieu de cela, je m’enfonce dans un immobilisme coupable. Et j’attends… (Au moment d’écrire ces lignes, on en est à exactement 3 jours, 8 heures et 52 minutes du mois de mars. Argggg ! Pas sûr que le marécage ne m’ait pas avalée d’ici là).

Comment ça, j’exagère ? Oui, bon, c’est vrai… Depuis hier, il y a moins d’horreurs qui sortent de mon nez (euh…), ça fait une semaine que je dors toutes les nuits (ah !), sans parler de la durée, qui, en moyenne, doit dépasser les six heures (oooh !), mon ordinateur a recommencé à s’allumer (wouh !) et j’ai même passé quelques soirées vraiment bien (sisi ! Vraiment !). Ah et... C'est entièrement ma faute si, parfois, je décide de ne rien faire au boulot et qu'ensuite, je culpabilise (bouuuuh!). Mais ça ne m’amuse pas d’être de bonne foi.

Février est un mois à rayer du calendrier.
Point.

(En attendant, c’est lui qui m’a décidée à revenir blogger. Il a quelques bons côtés, le petit. Mais chuuuut ! Ca reste entre nous).

samedi, janvier 17, 2009

Je suis une bicyclette...

Cette phrase, bafouillée sur le plateau de Taratata par Emiliana Torrini, chanteuse islandaise polyglotte mais à qui le français fait encore quelque peu défaut, est la perle de ma soirée. Une soirée qui résume en quelque sorte les objectifs que je m’étais donnés pour 2009. Et pour la suite… Une soirée de curiosité. Des reportages revus sur internet. Un zapping fourni - intelligent, pour une fois. Et pétillant. Des idées, des envies, des questions. Sans aucune réponse, évidemment. Car répondre, c’est fixer une vérité et je ne suis pas certaine que cela m’intéresse vraiment.

C’est un peu bordélique, tout cela. Dans ma tête comme dans ce post, je pense ne pas parvenir à faire passer des idées claires. Mais à l’heure des bilans, c’est précisément ce que je voudrais mettre en avant. 2008 m’a ouvert des perspectives. Je ne peux pas encore exactement les définir, les ordonner, mais je sais qu’elles sont là. Je les sens… Et moi, je me sens moins lisse, ces derniers temps. Exquise sensation. Pas toujours évidente mais… C’est tellement bon de se sentir vivre si fort. J’ai l’impression d’avoir attendu ça longtemps. Une éternité…

Au fond, je suis une foule sentimentale à moi toute seule (là, je dis « je », parce que c’est plus facile, mais je pense « nous » : nous le sommes tous). Dépassée par d’ingérables rêves d’absolu, de changements, d’éternité. Excitée par l’idée que tout cela existe, peut-être, quand même, quelque part. Et qu’il suffit de tendre la main, parfois, pour les effleurer du bout des doigts… Ces putains de rêves.

Il est chaotique, ce post. Je me rends compte que je bafouille, me perds dans mes idées mais tant pis… Je crois que j’aime ça. Je ne sais pas, par contre, si je reviendrai encore beaucoup ici, en 2009. Le besoin s’étiole. Ce n’est peut-être que provisoire mais, pour l’instant, c’est comme ça.

Pour l’instant… je pétille. Je ne sais pas exactement où je suis. Ni qui. Ni quoi. Peut-être une bicyclette (une bicyclette qui roule).

dimanche, décembre 14, 2008

A Mimi

Quand j'allais la voir, il y a quelques années, elle finissait toujours par me demander si j'avais "un amoureux". Et comme elle n'entendait plus très bien, je devais crier pour lui répondre, gratifiant toute la maison de repos d'informations sur ma vie privée. Tendre curiosité, qui m'embêtait un peu, mais que je ne pouvais m'empêcher de trouver mignonne, aussi.

Plus tard, quand on lui a expliqué que j'avais rencontré, au hasard d'une soirée entre amis, le fils de l'un des meilleurs amis de mon oncle (son fils à elle), qu'elle avait connu jeune et qui lui confiait parfois ses problèmes de coeur, elle a acquiescé, pensive. Elle était déjà un peu dans un autre monde...

C'est normal, et c'est beau, mais ça me sidère toujours un peu comme la vie continue, quand des gens s'en vont. Entre bras, coups de blues et frissons. Des sourires... Des rires même. Et des mots. Je frémissais, tout à l'heure, en écoutant Radical Face et Beirut. Un peu plus tôt, je me noyais dans les cases de Trondheim et de Fabrice Neaud. Et, en fin de journée, les déambulations au marché de Noël avec lui. Lui dont les attentions, et les bras, savent si bien me réconforter. Tout au long du week-end, nous nous sommes soutenus les uns les autres, revivant, au fil des douces conversations familiales, les souvenirs, joyeux, légers, drôles. C'est vrai: la vie continue... A la limite, elle aurait même tendance à rejaillir, plus forte, plus belle, plus grande. Car c'est certainement le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire.

Mais cela n'efface pas le côté "pile" de tout ça. J'ai toujours peur, de cet inconnu-là. Il garde, à mes yeux, une part d'inacceptable. Est-ce la jeunesse? Sans doute... Un jour, je pense, j'apprendrai à accepter l'inacceptable. En attendant, je m'efforce de mûrir un peu. Et oui... La vie continue.

samedi, décembre 06, 2008

Tromperies et réconciliations

Les retrouvailles avec ma ville sont toujours plus intenses quand je viens de lui être infidèle. Quand j'ai aimé ailleurs et que je reviens vers elle, un peu coupable, vaguement honteuse.

Elle s'en fiche, elle, pourtant, que je me pâme devant Barcelone ou Venise, que je l'abandonne pour Paris, que je la compare à Londres, Montreal et que j'en tire comme conclusion que, quand même... elle manque d'avant-garde, d'identité et de peps. Je peux vivre tous les coups de foudre du monde, soupirer de bonheur devant le Danube, je peux faire de Budapest ma nouvelle ville de coeur et je peux le lui dire. Elle s'en tape complétement. C'en est presque frustrant.

Mais sa froideur n'a pas d'effet sur moi. Quand je lui reviens, penaude, fatiguée et un peu triste d'avoir dû laisser d'autres villes derrière moi, mon coeur finit toujours par se remettre à battre. Très vite. Je ne me l'explique pas. Je lui trouve des charmes que je ne lui avais jamais vus, et des excuses pour ce qu'elle n'a pas là où d'autres brillent. Il suffit d'un voyage en tram, d'une balade sous les guirlandes de Noël pour que la machine redémarre. Je la trouve belle, fascinante, attachante. Je me sens chez moi.

En définitive, j'ai eu beau essayer: je suis incapable de trahir Bruxelles longtemps. Je ne me l'explique pas. Je constate simplement.

dimanche, novembre 16, 2008

Assis en face un soir, beau comme un étranger

De Rimbaud, je ne connais que peu les mots. Trop alambiqués à mon goût même si je me dois de reconnaître, évidemment, qu'ils sont très bien écrits. S'il me touche, c'est plus pour l'homme: l'adolescent qui voulait devenir "voyant" en "s'encanaillant"dans la nuit parisienne et qui déclarait, dans ses moments de parfaite allucidité (non, ne cherchez pas, ce n'est pas un mot qui existe) que "je" était "un autre". Il me touche parce que je le comprends, dans ces moments-là.

Je est une autre... Surtout dans ces dimanches après-midi hors du temps dont je connais l'heure de début mais jamais, jamais, jamais l'heure de fin. Coup sur coup, les bières s'empilent, la "vraie dernière" suit la "dernière" d'assez près et les cadavres de verres vides s'accumulent sur les côtés. Quand je finis par rentrer, au bout de longues heures dont je n'ai rien vu passer, la nuit est tombée et il est tard. Toujours plus tard que prévu. Je fais la route, hallucinée, du bus à chez moi sans plus y comprendre grand chose (si tant est qu'il y ait quelque chose à comprendre). Tout à l'heure, il pleuvait des cigarettes. Une cigarette, en fait, mais à mes yeux, elle avait quelque chose d'une averse, magique, que j'ai évitée de justesse...

Je est une autre, alors. Rieuse. Dépaysée. Vaguement joueuse...
Et je ne sais pas si c'est bien.

mercredi, octobre 22, 2008

JF, 25 ans, cherche temps, désespérément

Dites-moi, vous savez, vous, où on peut acheter un peu de temps? Un genre de distributeur qui, au milieu des paquets de chips et des friandises, offrirait quelques heures de vie en "package".

"Offrir", remarquez, est un bien grand mot. Je suis prête à débourser quelques piècettes, moi, pour une ou deux heures de bonus, certains jours.

"Package: deux heures de rêveries et de détente + supplément gratuit d'une demi-heure de projets d'avenir": 2 euros. Le bonheur! Sauf que ça ne profiterait qu'à ceux qui peuvent se les payer et ça, évidemment, je ne suis pas pour...

*soupir*

Je fais un peu n'importe quoi, ces temps-ci. Entre les verres, les virées avec de quasi inconnus au fin fond de la Belgique et les rendez-vous où j'arrive en retard voire que j'annule au dernier moment. Entre la poursuite, incessante, épuisante du sommeil et les dossiers avec lesquels il me faut jongler à longueur de journée. Entre l'amour, le stress, les obligations, les nouvelles têtes et le reste, tout ce reste que j'avoue avoir un peu de mal à gérer, du coup, je ne sais plus très bien où je suis, moi. J'ai l'impression étrange d'avoir embarqué dans un TGV qui fonce vers l'inconnu et d'être là, en observatrice. Je regarde les choses, je les vis, même, souvent, mais comme si ce n'était pas tout à fait moi: je suis une passagère clandestine. Et, pour tout dire, je ne me souviens plus très bien comment je suis arrivée dans ce train...

De temps en temps, pourtant, presque tous les week-end, même, il m'arrive de très jolies choses, dans ces wagons en folie. Des balades sous le soleil, des amis, des rires et une bonne grosse dose de bonheur dans mes bagages. "Souriez, vous n'êtes pas filmés mais c'est bon pour la santé". Alors, je ne sais pas... Je crois qu'à la longue je me suis attachée à ce voyage. Je n'ai pas envie de sauter en marche. Je crois que je vais rester...

Mais j'aurais besoin d'un peu de temps, pour profiter du paysage.

jeudi, octobre 02, 2008

Money Money Money

5,7 milliards d'euros... C'est la somme dépensée en deux jours par l'Etat belge pour "sauver" nos banques en pleine crise de subprimes (l'équivalent de la crise d'adolescence humaine?) Et le gouvernement de dire que le contribuable ne doit pas s'inquiéter, que c'est "juste" une dette supplémentaire.

"Juste" une dette de... 5,7 milliards d'euros. Une bagatelle, quoi!

Je travaille dans un secteur qui souffre d'un manque chronique de moyens. La "culture", ça s'appelle, et il me semble, à moi (mais peut-être me trompe-je? Naïveté de la jeunesse...), que c'est un merveilleux outil d'expression, d'épanouissement et de réflexions (au pluriel, les réflexions, j'y tiens) sur le monde. Mais voilà... En politique, ça n'intéresse personne.

Et malheureusement, ce secteur est loin d'avoir le monopole du sous-financement. Prenez l'éducation: peut-on me citer UN domaine qui soit plus important pour une société que l'éducation donnée aux générations futures ? Question de point de vue, sans doute, mais moi - et malgré tout l'amour que je porte à la culture - je n'en vois aucun. Et bien l'éducation, en Belgique francophone, est un secteur scandaleusement délaissé. Or, si je sais que tous les problèmes ne se dissolvent pas dans l'argent, on est bien forcés de constater que, quand même, dans bien des cas, ça aide.

Alors entendre répéter à longueur de temps que l'Etat manque de sous pour un tas de trucs et le voir "trouver", en deux jours pour les banques, une somme qui suffirait à doubler d'un coup les budgets de la culture et de l'enseignement en Communauté française, il n'y a rien à faire: ça me fait un peu mal.

Comprenez-moi bien: je sais que si ces banques avaient sombré, cela aurait provoqué un nombre incalculable de drames humains et je pense que l'Etat avait peu d'autres solutions... Mais va-t-on se demander comment ces banques en sont arrivées là? Va-t-on, enfin, en profiter pour jeter un regard critique sur le fonctionnement des finances dans nos sociétés? Va-t-on remettre en question le néo-libéralisme sur lequel toutes nos vies sont fondées? Car c'est bien de cela qu'il s'agit: d'une crise - d'adolescence? Avant le passage à l'âge adulte? Honnêtement, je préfèrerais une crise de la quarantaine ou de la soixantaine: celle d'un système vieillissant en voie d'être dépassé par d'autres (remarquez que d'autres, c'est mieux... ou pire) - du capitalisme. Hier, il fallait être communiste ou anarchiste pour oser critiquer notre système économique. Aujourd'hui il suffit d'ouvrir - un tout petit peu - les yeux...

vendredi, septembre 19, 2008

Et il pensait encore à elle, longtemps après qu'elle soit partie...

J'ai un peu honte. C'est le syndrome du vendredi après-midi, ça: un tas de trucs à faire mais rien de vraiment urgent et le soleil qui me nargue dehors... Dans ces moments-là, j'aurais (presque) envie d'être au chômage.

Je vous le disais: j'ai honte... Et j'ai des raisons. Je sais que j'ai un super job. Même en cherchant bien, en y passant des heures, en y mettant tous mes neurones, je ne parviens pas à imaginer ce que je pourrais trouver de mieux. Il a été taillé pour moi, ce boulot. Ou moi, pour lui. Je le sais. Mais... Le vendredi après-midi, quand le week-end tarde à pointer son nez, c'est plus fort que moi: je rêve de chômage. Ou de très longues vacances.

Au fond, rien ne m'intéresse d'autre que la passion. Les passions. Quand ça bouge, que les gens vont et viennent, et que je peux courir avec eux, ou m'émerveiller de leurs agitations sans fin, quand j'ai peur, même, quand je ne me sens pas à la hauteur. Et quand j'aime. Bien sûr... En dehors de cela, il n'y a rien. Des creux, des vides. De la fadeur sur les murs. Rien.

Les vendredis sont des jours comme ça: mon ordinateur et quelques PV de réunions. Rien à aimer, aucun rêve à caresser, et, pour seul désir, le week-end, l'évasion. Plus qu'un désir, c'est une obsession. Ca hurle et ça emplit ma tête. Les papiers que je suis censée lire s'accumulent en tas informe à côté de moi. Et ce désordre nourrit l'obsession. Je ferme le tiroir "bureau" pour en ouvrir d'autres, un tas d'autres. Ce ne sont plus des papiers mal rangés, ce sont des draps froissés: des draps de grasse matinée et de nuits passées tout contre son corps. Ce sont des caresses, ce sont des mains... Et moi, je divague sans fin. Sur le bureau d'en face la maquette qui trône, impériale et fascinante, prend vie. Elle m'emporte. C'est une ville que j'aime, dans laquelle je me perds. C'est Bruxelles. Je cours dans ses ruelles, je m'enfonce, je sombre... et finis par me réveiller, hébétée, dans un bureau où rien n'a bougé d'un poil. Rien sauf les minutes, qui défilent à une lenteur coupable. C'est mou. Je m'englue dans mes fins de semaines.

Au fond, rien ne m'intéresse d'autre que la passion. Et j'en ai moins honte que je ne le prétends. J'aime être passionnée. J'aime à penser que mes airs timides cachent de grands élans. Mais j'ai peur parfois... Peur de les tuer à les garder enfermés.

Alors, au diable les papiers qui s'accumulent, et bonjour la vie. Cette après-midi est presque finie.